Trois jeunes ont perdu la vie lors des manifestations contre le report de la présidentielle. L’Observateur a révélé des tranches de vie des victimes. Voici celles de Modou Guèye, racontées par son grand-frère Baye Dame Guèye. Le commerçant aurait été atteint mortellement par balle alors qu’il tentait, selon son frère, d’écouler des articles aux couleurs du Sénégal. Son certificat de genre de mort révèle qu’il est décédé d’un «traumatisme thoraco-abdominal par arme à feu avec éclatement du foie ayant entraîné un choc hémorragique réfractaire malgré les moyens chirurgicaux et d’embolisation».
Après l’élimination des Lions…
«Modou Guèye est mon petit frère. Nous sommes de Touba et nous avons choisi de nous installer à Guinaw-Rails. Nous partageons la même chambre. Nous vendons des habits neufs et quelques fois de la friperie à Colobane. Il nous arrive également de circuler pour aller à la rencontre des clients. C'était le cas vendredi dernier. Modou comme tous les commerçants, s'était approvisionné en maillots et tenues de sport à l'approche de la Coupe d'Afrique des Nations. Des maillots de l'équipe nationale du Sénégal qui lui sont restés entre les mains avec l'élimination des Lions. Il avait un stock d'invendus et il a voulu profiter de la manifestation du vendredi pour les écouler. En effet, pendant ces manifestations, ceux qui y participent veulent toujours s'afficher avec les couleurs de la nation.
Sur l’autopont de Colobane…
«Nous avons attendu la fin de la prière hebdomadaire du vendredi pour prendre notre sac dans lequel nous avions rangé nos articles aux couleurs nationales et nous rendre à la manifestation organisée par l'opposition et la société civile. Dès notre arrivée à Colobane, les forces de l'ordre ont commencé à balancer des grenades lacrynogènes en direction de la foule. (…) Ainsi mon frère et moi nous nous sommes perdus de vue. Chacun cherchait l'autre. Nous nous sommes retrouvés quelques minutes plus tard et je lui ai suggéré de retourner à la maison car la situation était devenue confuse et dangereuse. Ainsi je lui ai proposé de passer par l'autopont de Colobane qui surplombe la voie ferrée afin d'aller prendre le Train Express Régional (TER) et retourner chez nous à Guinaw-Rails. Sur le pont, pendant que les manifestants brûlaient des pneus, j'ai rassuré mon frère en lui disant que personne ne pouvait nous prendre pour des manifestants.
«Il lui a tiré dessus à bout portant»
«C'est pendant la traversée du Pont Colobane qu'il a crié mon nom, m'apprenant qu'il a été atteint par une balle. Ses mots résonnent encore dans ma tête. Il m'a dit : ‘Mame Dame j'ai été atteint’. Celui qui a tiré sur mon frère ne lui a laissé aucune chance. Il lui a tiré à bout portant. Quand j'ai soulevé ses habits j'ai vu un énorme trou et j'ai constaté que la balle lui a perforé le corps pour sortir à l'arrière. Au moment de le prendre dans mes bras pour tenter de l'évacuer, j'ai reçu une grenade lacrymogène à la main. Cela ne m'a pas retenu. J'ai tenu mon frère dans mes bras pour tenter de trouver un véhicule afin de l'évacuer à l'hôpital. L'évacuation n'a pas été facile. Heureusement un groupe s'est rapidement formé autour du blessé pour dresser une sorte de haie afin que le véhicule puisse passer.
«Le conducteur était paniqué»
«Le véhicule qui acheminait mon frère à l'hôpital et dans lequel j'avais pris place a eu toutes sortes de difficultés pour trouver le bon chemin. Nous avons mis plus d'une heure sur la route. Le conducteur était paniqué. Et finalement nous avons pu emprunter une voie libre et au bout de plus d'une heure nous sommes arrivés à l'hôpital Principal de Dakar. Apparemment les gens hésitaient à recevoir le blessé. C'est un Européen qui nous a guidés jusqu'à un chariot sur lequel j'ai pu enfin installer mon frère. Il a été admis aux Urgences puis les médecins m’ont demandé de partir. J'étais seul et je suis rentré à Guinaw-Rails où je suis arrivé dans la nuit avec le pressentiment que mon jeune frère Modou Guéye est décédé.
Malgré «trois opérations»…
«Je n'ai pas dormi dans la nuit. Tôt le matin du samedi, après la prière de l'aube, je suis retourné à l'hôpital Principal où des médecins qui m'ont reconnu se sont isolés avec moi dans le bloc opératoire. Ils m'ont annoncé la mauvaise nouvelle. Ils m'ont dit qu'ils ont tout tenté, en vain. Ils m'ont dit qu'il a subi trois opérations qui n'ont pu le sauver. J'étais abattu.
Pas d’argent, pas de corps
«Je suis croyant et je n'ai pas le droit de mentir. Je vous affirme que mon jeune frère Modou Guèye ne faisait pas partie des manifestants. Si cela était le cas, je l’aurait reconnu. Depuis la mort de mon frère, c'est un parcours du combattant pour obtenir les papiers pouvant m'aider à disposer du corps. On me fait valser entre les différents services de l'Etat, sans compter la forte somme que me réclame l'hôpital Principal de Dakar avant de me remettre le corps. Je n'ai pas cet argent. Mon défunt jeune frère et moi sommes orphelins, nous avons perdu nos deux parents. Voilà pourquoi nous avions choisi de quitter notre ville natale, Touba, pour nous établir dans la banlieue à Guinaw-Rails où nous avons loué une chambre. Nous avons certes un grand-frère établi en Italie qui nous aide…»
VOIR AUSSI Zoom sur les manifestants tués (1/3) : cinq choses à savoir sur l’étudiant de l’UGB
Après l’élimination des Lions…
«Modou Guèye est mon petit frère. Nous sommes de Touba et nous avons choisi de nous installer à Guinaw-Rails. Nous partageons la même chambre. Nous vendons des habits neufs et quelques fois de la friperie à Colobane. Il nous arrive également de circuler pour aller à la rencontre des clients. C'était le cas vendredi dernier. Modou comme tous les commerçants, s'était approvisionné en maillots et tenues de sport à l'approche de la Coupe d'Afrique des Nations. Des maillots de l'équipe nationale du Sénégal qui lui sont restés entre les mains avec l'élimination des Lions. Il avait un stock d'invendus et il a voulu profiter de la manifestation du vendredi pour les écouler. En effet, pendant ces manifestations, ceux qui y participent veulent toujours s'afficher avec les couleurs de la nation.
Sur l’autopont de Colobane…
«Nous avons attendu la fin de la prière hebdomadaire du vendredi pour prendre notre sac dans lequel nous avions rangé nos articles aux couleurs nationales et nous rendre à la manifestation organisée par l'opposition et la société civile. Dès notre arrivée à Colobane, les forces de l'ordre ont commencé à balancer des grenades lacrynogènes en direction de la foule. (…) Ainsi mon frère et moi nous nous sommes perdus de vue. Chacun cherchait l'autre. Nous nous sommes retrouvés quelques minutes plus tard et je lui ai suggéré de retourner à la maison car la situation était devenue confuse et dangereuse. Ainsi je lui ai proposé de passer par l'autopont de Colobane qui surplombe la voie ferrée afin d'aller prendre le Train Express Régional (TER) et retourner chez nous à Guinaw-Rails. Sur le pont, pendant que les manifestants brûlaient des pneus, j'ai rassuré mon frère en lui disant que personne ne pouvait nous prendre pour des manifestants.
«Il lui a tiré dessus à bout portant»
«C'est pendant la traversée du Pont Colobane qu'il a crié mon nom, m'apprenant qu'il a été atteint par une balle. Ses mots résonnent encore dans ma tête. Il m'a dit : ‘Mame Dame j'ai été atteint’. Celui qui a tiré sur mon frère ne lui a laissé aucune chance. Il lui a tiré à bout portant. Quand j'ai soulevé ses habits j'ai vu un énorme trou et j'ai constaté que la balle lui a perforé le corps pour sortir à l'arrière. Au moment de le prendre dans mes bras pour tenter de l'évacuer, j'ai reçu une grenade lacrymogène à la main. Cela ne m'a pas retenu. J'ai tenu mon frère dans mes bras pour tenter de trouver un véhicule afin de l'évacuer à l'hôpital. L'évacuation n'a pas été facile. Heureusement un groupe s'est rapidement formé autour du blessé pour dresser une sorte de haie afin que le véhicule puisse passer.
«Le conducteur était paniqué»
«Le véhicule qui acheminait mon frère à l'hôpital et dans lequel j'avais pris place a eu toutes sortes de difficultés pour trouver le bon chemin. Nous avons mis plus d'une heure sur la route. Le conducteur était paniqué. Et finalement nous avons pu emprunter une voie libre et au bout de plus d'une heure nous sommes arrivés à l'hôpital Principal de Dakar. Apparemment les gens hésitaient à recevoir le blessé. C'est un Européen qui nous a guidés jusqu'à un chariot sur lequel j'ai pu enfin installer mon frère. Il a été admis aux Urgences puis les médecins m’ont demandé de partir. J'étais seul et je suis rentré à Guinaw-Rails où je suis arrivé dans la nuit avec le pressentiment que mon jeune frère Modou Guéye est décédé.
Malgré «trois opérations»…
«Je n'ai pas dormi dans la nuit. Tôt le matin du samedi, après la prière de l'aube, je suis retourné à l'hôpital Principal où des médecins qui m'ont reconnu se sont isolés avec moi dans le bloc opératoire. Ils m'ont annoncé la mauvaise nouvelle. Ils m'ont dit qu'ils ont tout tenté, en vain. Ils m'ont dit qu'il a subi trois opérations qui n'ont pu le sauver. J'étais abattu.
Pas d’argent, pas de corps
«Je suis croyant et je n'ai pas le droit de mentir. Je vous affirme que mon jeune frère Modou Guèye ne faisait pas partie des manifestants. Si cela était le cas, je l’aurait reconnu. Depuis la mort de mon frère, c'est un parcours du combattant pour obtenir les papiers pouvant m'aider à disposer du corps. On me fait valser entre les différents services de l'Etat, sans compter la forte somme que me réclame l'hôpital Principal de Dakar avant de me remettre le corps. Je n'ai pas cet argent. Mon défunt jeune frère et moi sommes orphelins, nous avons perdu nos deux parents. Voilà pourquoi nous avions choisi de quitter notre ville natale, Touba, pour nous établir dans la banlieue à Guinaw-Rails où nous avons loué une chambre. Nous avons certes un grand-frère établi en Italie qui nous aide…»
VOIR AUSSI Zoom sur les manifestants tués (1/3) : cinq choses à savoir sur l’étudiant de l’UGB
7 Commentaires
Injustifiable Crime
En Février, 2024 (14:37 PM)Reply_author
En Février, 2024 (14:51 PM)Reply_author
En Février, 2024 (14:59 PM)? Les Dirigeants Sont à L'imag
En Février, 2024 (15:40 PM)Ngol Ngol Fall
En Février, 2024 (15:45 PM)Monsieur Plus
En Février, 2024 (14:59 PM)Défenseur
En Février, 2024 (15:23 PM)Iba
En Février, 2024 (15:59 PM)Combien de morts ?
Où sont les coupables ?
où sont les donneurs d'ordre ?
Qui sont ces tueurs ?
où est le procureur ?
Combien on était tué par balles depuis 2022, on nous parle d'enquête depuis où est le plus petit élément de cette enquête. Honnêtement on se fout de la gueule des Sénégalais.
C'est ça un état de droit comme au FAR WEST. Tous les sénégalais doivent se lever et réclamer justice pour toutes ces personnes tuées lors des manifs. Il faut que la mumière soit faite.
On ne peut laisser passer ces crimes.
Knock Out
En Juin, 2024 (12:37 PM)Il a les mains pleines de sang d'innocents...
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